possibilité aux clients de mettre à sa main chacun des meubles n’est pas nécessairement une solution intéressante, car les risques sont grands que les résultats ne soient pas jolis et soient retournés. En revanche, plusieurs ont développé la personnalisation de masse, qui permet de conserver une harmonie dans le design tout en maintenant une bonne vitesse de production », analyse pour sa part Yves Dessureault, directeur d’Inovem, Centre d’innovation en ébénisterie et meuble du Cégep de Victoriaville.
Au Québec, l’entreprise Canadel a été un précurseur en ce domaine. « Nous avons emprunté la voie de la personnalisation il y a une trentaine d’années, affirme Guy Deveault, chef de la direction. À l’époque, les meubles bon marché asiatiques arrivaient plutôt des pays de l’Est. Ça a été notre manière de nous différencier et c’est encore le cas, même si les choses ont évolué. » Dans les années 1980, les meubles étaient bruns, se rappelle-t-il. « On s’est inspiré de styles plus conservateurs, comme le Early American qu’on a transformé en ajoutant des couleurs flyées, comme du rouge ou du jaune, à des classiques. »
C’est toutefois en misant surtout sur la technologie que l’entreprise fondée en 1982 a su traverser les différentes crises économiques tout en restant à l’avant-garde. « En 1987, on a acheté notre fournisseur informatique. Nous l’avons ensuite revendu aux employés, en conservant le logiciel qui servait à la production et à quelques programmeurs spécialisés. Cela nous a permis de continuer de développer des outils informatiques en fonction de nos besoins, car quand tu achètes un produit tablette, c’est difficile de demander à ton client d’aller autant dans le détail. »
Une façon de réagir rapidement aux changements est d’avoir toujours une technologie non seulement sur mesure, mais aussi à la fine pointe. Depuis une dizaine d’années, Canadel a également lancé UDesign, un outil de personnalisation offert sur Internet. Sur l’écran, du mobilier qui peut se décliner en des millions de possibilités. Par exemple, sur une simple table, le consommateur peut modifier la grandeur, la surface, la couleur, la forme ou les pattes. « Ces logiciels nous permettent ainsi d’automatiser certaines machines à même les commandes, d’intégrer le tout avec le département d’achat, etc. Car il y a des dizaines de milliers de produits que nous utilisons pour fabriquer nos meubles, selon les choix des clients, et nous ne pouvons pas garder d’inventaire de notre mobilier. »
Un travail d’optimisation qui, soit chez Canadel ou chez Mobican, ne s’arrête jamais. D’ailleurs, au moment de l’entrevue, les deux entreprises venaient d’injecter des millions de dollars pour s’équiper de machinerie à la fine pointe. « Et on tend toujours à s’améliorer. Par exemple, on a installé de petites puces pour savoir où sont rendus nos produits. La clé du succès, cependant, c’est que toutes les parties de l’équation soient solides, que ce soit le design, la qualité de fabrication, l’administration ou les ressources humaines », conclut M. Deveault.